Les enfants youtubeurs font débat au sommet de l’État

De nombreuses chaînes YouTube “familiales” mettent en scène des enfants dans du contenu à la frontière avec publicité déguisée et travail illicite de mineur.

Fin mai, l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique (OPEN) avait saisi un organisme gouvernemental spécialisé, le Conseil National de la Protection de l’Enfance (CNPE), pour sonner la sirène d’alarme à propos des chaînes YouTube “familiales” qui mettent en scène les enfants.

En France, la chaîne YouTube de ce type la plus célèbre est sans aucun doute Studio Bubble Tea qui compte 1,2 million d’abonnés et dont les vidéos publiées presque tous les jours comptent chacune plusieurs dizaines, voir centaines de millers de vues.

Pour l’OPEN, ces pratiques constitueraient du “travail illicite” vu le temps investi par les enfants pour tourner les vidéos et les revenus qu’elles génèrent, notamment grâce aux contenus sponsorisés.

Cette affaire est remontée jusqu’aux oreilles du Sénat et notamment de la sénatrice socialiste de Loire-Atlantique, Michelle Meunier, qui a officiellement demandé à la ministre du travail, Muriel Pénicaud, de combler le vide juridique qui entoure l’activité des enfants sur YouTube.

“Ces chaînes de vidéos, diffusées par les acteurs majeurs du secteur, mettent en scène des enfants, parfois très jeunes, dans des activités du quotidien apparemment anodines. Elles cumulent des millions de vues. La forte mise en valeur de produits ou de marques laisse à penser que ces vidéos pourraient être assimilées à des publicités. En outre, elles peuvent générer des revenus conséquents aux parents des enfants filmés. Les conditions dans lesquelles ces vidéos sont préparées, tournées et diffusées interrogent les professionnels de l’enfance.”

Ce n’est pas la première fois que la question des enfants sur YouTube est soulevée, certains souhaitant que leur statut s’approche de ceux qui travaillent dans le monde du cinéma ou de la télévision qui “bénéficient de règles fixant la durée du travail et leurs revenus. Sur les plateaux de tournage, la loi impose pour eux la mise en place d’espaces de soutien psychologique. Rien de tout cela n’existe sur YouTube.” selon Michèle Créoff, vice-présidente du CNPE.

Il se pourrait cependant que cette fois la polémique se concrétise bel et bien en une loi contraignante étant donné que Michelle Meunier se dit prête à faire “une proposition de loi” si sa question reste sans réponse de la part de la ministre du travail.

Sources : Le Monde et Le Monde

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