Critique de la saison 2 de Severance : un retour maîtrisé pour une série immanquable

Joanna Mutton
Mark S dans la saison 2 de Severance

La saison 2 de Severance excelle sur tous les points et confirme encore une fois l’importance de la série dans le monde du petit écran, grâce à une parfaite maîtrise du récit comme de la technique.

La saison 1 avait été une véritable découverte pour de nombreux spectateurs, entraînés dans l’enfer froid et inhumain de l’open space – un thème qui ne pouvait que résonner avec une bonne partie du public. S’appuyant sur un concept simple mais suffisamment philosophique pour multiplier les situations délirantes, la série de Dan Erickson pose ainsi la question de la dissociation entre vie privée et boulot.

Après une annonce en grande pompe d’une saison 2 pour Severance, il avait cependant fallu prendre son mal en patience : entre les grèves à Hollywood et la volonté de sortir quelque chose qui soit au moins aussi soigné que le premier chapitre, il aura ainsi fallu trois bonnes années pour enfin retrouver Mark et compagnie dans le dédale de Lumon. L’attente en valait-elle la peine ? Clairement, oui. À tous points de vue.

Car la saison 2 de Severance excelle dans l’exercice de la suite, et coche de nombreuses cases nécessaires à tout bon succès qui se respecte. À commencer par la minutie de son impeccable mise en scène et la (grande) finesse du jeu des acteurs. Des performances réussies, qui permettent d’appuyer davantage les dialogues subtils et mettre en valeur les sous-entendus comme les émotions complexes, qui ne viennent jamais alourdir les échanges entre les protagonistes. Et il fallait bien ça pour nous faire suivre ces personnages à part, qu’on s’identifie à eux, ou au contraire qu’ils nous entraînent dans l’équivalent d’une vallée dérangeante paradoxalement réservée à ceux qui ne sont pas “dissociés”.

À ces points vient s’ajouter une véritable maîtrise du rythme et de gestion entre l’image, le son et la musique : avec la sobriété inhérente à Severance, le moindre détail compte, et la série a parfaitement su comment en tirer parti. Qu’il s’agisse d’un choix de cadre, d’un élément du décor comme d’une note de musique isolée, rien n’est laissé au hasard, offrant un ensemble parfaitement cohérent et uni.

Les employés du raffinement des microdonnées dans un paysage enneigé dans la saison 2 de Severance

Et si la réalisation reprend de nombreux schémas de la première saison, elle s’amuse aussi à les pousser toujours plus loin ou les prendre à revers : après avoir redonné des repères confortables au spectateur, on aime le bousculer et le perturber, et lui rappeler que cet enfer des bureaux est toujours un véritable labyrinthe. Un dédale qui s’ouvre aussi sur des espaces différents, dans lequel les héros évoluent toujours comme des souris persuadées d’avoir trouvé le bon chemin, tandis que les figures mystérieuses teasées dans la saison 1 et qui restent dans l’ombre continuent de peser sur l’ensemble, le cadre et le son jouant habilement sur leur absence pour mieux percevoir leur attention constante.

Un des plus grands challenges pour une saison 2 est de reprendre une histoire déjà bien entamée, en conserver l’essence sans la dénaturer, tout en parvenant à apporter suffisamment de changement pour lui permettre de se renouveler et de donner une bonne raison de replonger dans l’intrigue sans subir de redondance. Sur ce plan, la saison 2 de Severance jongle parfaitement avec toutes les conditions requises, et on se réjouit d’y voir la confirmation de sa position d’immanquable dans le paysage des séries.

La saison 2 de Severance sortira le 17 janvier 2025 sur Apple TV+, rejoignant plusieurs autres séries tout aussi excellentes.

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