Paris capitale française de l’e-sport – Les villes qui pourraient la détrôner
À l’heure où l’e-sport croît, il est normal de voir l’Etat et les collectivités territoriales s’y intéresser. Mais est-ce facile pour les autres villes françaises de concurrencer avec Paris qui a déjà plusieurs avantages ?
Alors évidemment, la première ville française à laquelle pensera sans doute un organisateur international de LANs, comme Riot Games par exemple, sera Paris. Connue du monde entier et faisant rêver des millions de personnes, dont même les joueurs professionnels de jeux vidéo, la Ville Lumière est sans conteste le choix numéro un des ESL, ESWC, etc.
Paris a déjà été hôte de nombreux événements e-sport et gaming. Citons ainsi les phases de poules de la Coupe du Monde Overwatch 2018, le Mid-Season Invitational 2018 ou encore des ESWC sur divers jeux (CS:GO, Call of Duty, etc.) depuis une dizaine d’années. Récemment même, Paris a obtenu une place dans la saison 2 de l’Overwatch League et sera la ville hôte de la finale des Worlds 2019 sur League of Legends. Ne pas oublier non plus la Paris Games Week qui est à l’heure actuelle le salon français le plus visité. Paris pèse donc “dans le game“.
Mais il n’y a pas que Paris. Vous l’avez sans doute déjà remarqué, d’autres villes ont décidé de se lancer sur les jeux vidéo, et ce un peu partout dans l’Hexagone. Tours, Poitiers, Lille, Lyon, Marseille, Metz (pour ne citer que celles-ci), toutes ces villes bien connues du public ont accueilli des LANs ou au moins un événement dans le secteur vidéoludique. Le font-elles à des fins de rayonnement de leur territoire ou pour répondre à une demande omniprésente tant on sait que le secteur du jeu vidéo est prégnant ? Sans doute les deux, mais la problématique posée dans cet article est de savoir comment une ville, voire collectivité au sens large (région, département, communes et groupement de communes), peut réussir à tirer son épingle du jeu pour concurrencer la capitale politique française qui commence déjà bien à se faire un nom dans l’e-sport.
Par où commencer si ce n’est qu’aujourd’hui certaines collectivités ont déjà pris l’ascendant par rapport à d’autres. Ainsi, visons ici la Communauté Urbaine du Grand Poitiers qui a signé un partenariat avec l’association orKs et qui promeut son événement local de jeux vidéo la Gamers Assembly ou encore la ville de Tours qui accueille le festival international de jeux vidéo Dreamhack depuis 2015, la structure Solary et d’autres médias de l’e-sport.
Ainsi, réjouissons-nous de la volonté de nos collectivités françaises de prendre conscience du phénomène qu’est l’e-sport et de vouloir le promouvoir.
Le besoin d’infrastructures
Être doté d’un Palais des Sports ou d’une salle événementielle, comme le Zénith (voir photo ci-dessous), qui vous permettra d’accueillir de nombreux supporters démarquera sans doute la ville. Faire du jeu vidéo dans des grandes salles plus habituées à de l’événementiel classique intéresse aussi toujours la presse locale. Avec des centaines voire des milliers de supporters, la répercussion sera plus importante pour la ville qu’une LAN organisée dans la petite salle des fêtes où kermesses d’écoles sont si souvent faites. De même, l’installation de la première arène dédiée aux jeux vidéo comme on l’en trouve actuellement aux Etats-Unis (Esports Stadium à Arlington ou Esports Arena à Las Vegas) aidera sans doute à la renommée de la ville.
À ce titre, il est clair que Paris dispose déjà d’infrastructures colossales ayant une forte renommée et donc d’un avantage sur les autres villes, notamment s’agissant de salles de concerts (Zénith, AccorHotels Arena, Bataclan, Olympia, etc.). Toutefois, d’autres villes ont également des Centres de Congrès, Palais des Sports et Zénith qui peuvent accueillir des milliers de personnes. Les utiliser pour l’e-sport attirera certainement l’oeil des grosses structures du secteur.
Le Zénith de Paris, salle où plusieurs ESWC ont eu lieu.https://www.tourisme93.com/zenith-paris-affaire.html
L’importance de la réputation des événements
Bien évidemment, la mise à disposition d’une salle ne suffira pas. Encore faut-il que l’événement se déroule bien, sans encombres, et que l’organisateur choisi, si ce n’est pas la ville hôte, ait mis dans les meilleures conditions les joueurs, les spectateurs et aussi les téléspectateurs (viewers). À l’heure où les réseaux sociaux peuvent être des “déclencheurs d’alertes” ou du moins des porteurs de mouvements, la réputation d’un événement peut très vite ternir l’image de la ville dans le milieu. Souvenons-nous ainsi de la Lyon e-Sport 2018 où l’organisateur a fait les frais d’un déferlement d’énervement sur place de la part de joueurs et d’influenceurs comme de Jiraya (voir vidéo plus bas) à cause de divers problèmes. Ne pas oublier non plus l’aspect sécurité puisque des vols ont déjà eu lieu à des événements et celui-ci sera gage de confiance s’il est important.
Le raisonnement est peut-être tiré par les cheveux mais qui aurait envie d’aller faire une LAN à Lyon au vu des précédents événements à ce salon, quand bien même l’organisateur serait différent. Le mal est fait et le réparer prend du temps. La Lyon e-Sport revient en février 2019 et l’organisateur sera attendu au tournant par beaucoup de joueurs.
Rassurez-vous, il est des événements où tout se passe bien. En démontre les Trackmania Cup d’Adrien ‘Zerator’ Nougaret à Paris, Lyon et Toulouse qui se sont jouées à guichet fermé et dont les retours sur les réseaux ont été plus que positifs.
Sur ce point, la ville gagnante sera celle qui aura réussi à se forger une réputation d’organisatrice de pair au fur et à mesure en mettant les petits plats dans les grands et en étant aux petits oignons avec les acteurs cités précédemment.
Le poids de la communication
Communiquer est peut-être l’une des choses les plus importantes dans la réussite d’un événement. Outre la promotion post et pré-LAN (infographie par exemple), communiquer sur un maximum de réseaux sociaux en interagissant avec les spectateurs confortera la confiance qu’ont ces derniers envers vous. Que ce soit pour des problèmes, des retards, des concours, des informations sur le planning de la journée ou encore sur des faits majeurs de votre événement, etc., vous devez le partager sur vos réseaux pour promouvoir mais surtout informer de ce qui se passe à cet événement. Certes, c’est un budget mais avec une bonne communication les retombées n’en seront que positives.
L’appel à des influenceurs
Si les réseaux sociaux peuvent parfois désavantager, ils s’avèrent également très utiles pour le partage et/ou la promotion d’un événement, et de facto de la ville hôte. Au-delà d’une appellation de “capitale française de l’e-sport”, il est sans doute primordial de ne pas se baser uniquement sur l’aspect compétitif des jeux vidéo mais de prendre en compte le streaming, YouTube et autres plateformes de diffusion. Le gaming au sens large en soi. Il faut aussi “surfer sur les tendances”. Ainsi, en ce moment on pensera à Fortnite, pas forcément le meilleur jeu e-sport, mais le plus populaire et qui vous assurera donc un certain public. Associer e-sport et gaming est sans doute un incontournable, d’où la multiplication de festivals et salons de jeux vidéo (Gaming Winterfest, Orléans Game Show, Paris Games Week, etc.).
À titre d’exemple, prenons le cas de Corentin ‘Gotaga’ Houssein, qui a organisé fin juin 2018 un événement on ne peut plus incroyable à Enghien-les-Bains. Parions que la plupart d’entre vous ne connaissaient pas cette ville et que si vous rencontrez un Enghiennois aujourd’hui, vous pourrez dire que vous connaissez la ville (du moins son nom) et son lac. Merci le Gotaga Show Barrière.
Ne faire que du gaming (présentations, tests, conférences, etc.) peut aussi être possible mais moins populaire au vu du développement de la compétition sur les jeux vidéo.
Le Gotaga Show Barrière à Enghien-les-Bainshttps://www.flickr.com/photos/cloumzy/albums/72157696950213021
Le cash prize
Si le choix est fait d’un événement purement e-sportif, il est clair que l’importance du cash prize (récompenses pécuniaires) jouera dans la réputation et la notoriété de votre LAN. Nous le savons tous, une LAN, même à Paris, qui n’offrira en récompenses que quelques centaines d’euros aux vainqueurs sera “laissée aux oubliettes” comparée à une LAN avec des milliers voire des dizaines ou centaines de milliers d’euros.
Le facteur de l’argent n’est donc, malheureusement peut-être, pas à négliger pour accroître la visibilité d’un événement dans le sport électronique.
Les retombées : un rayonnement touristique et économique
Également, faire appel à des influenceurs et organiser des événements produits, réalisés et retransmis “correctement” participeront au rayonnement touristique et économique de la ville. Avec plusieurs milliers de personnes réunies le temps d’un week-end, il y en aura sans doute plusieurs dizaines qui voudront revenir faire un événement ici ou visiter tout simplement la ville. Et surtout consommer que ce soit via les hôtels, les restaurants, les bars, les transports, etc.
Les points positifs iront tant à l’organisateur qu’à la ville hôte qui aura su mettre dans de bonnes dispositions les acteurs principaux de cet événement. D’autant plus que si cela se passe bien, d’autres éditions risquent d’être organisées, au plus grand bonheur des protagonistes. Mais comme dit plus haut, gare à l’erreur car les gamers n’oublient pas.
À la question comment concurrencer Paris dans le secteur de l’e-sport, il est difficile de définir précisément des conditions car chaque ville a des spécificités.
Mais ne mettrions-nous pas donc l’accent sur le fait qu’il faudrait que la France devienne la capitale mondiale de l’e-sport ? Déjà reconnue pour son public, si la France bénéficie en plus de plusieurs villes qui comprennent et promeuvent le jeu vidéo et l’e-sport, cela n’en sera que bénéfique pour le marché français.
Centraliser tous les événements dans la capitale Paris desservirait peut-être le développement de l’e-sport français. Déjà, d’un point de vue financier, organiser un événement, se loger, et même se déplacer sont des investissements pour les joueurs, les organisateurs et les spectateurs. Avoir des événements locaux d’e-sport et de gaming aux quatre coins de l’Hexagone participe donc au rayonnement de l’e-sport français et fait que de plus en plus de personnes en ont connaissance et prennent conscience de sa croissance.