La ministre des sports ne souhaite pas reconnaître l’e-sport comme un sport

La réponse de Laura Flessel, actuelle ministre des sports, à une question au gouvernement posée par un député provoque un vif débat dans le monde de l’e-sport.

L’e-sport est-il un sport ? Voilà une question qui se pose depuis les débuts de notre discipline et qui n’a toujours pas été résolue même si tout le monde touchant de près ou de loin aux compétitions de jeux vidéo a son avis sur la question.

Au fur et à mesure du développement de l’e-sport, que ce soit en termes économiques ou de popularité notamment chez les jeunes, cette simple question existentielle est devenue un véritable enjeu pour l’accès à une reconnaissance légale de la part de l’État ou de certaines instances comme le Comité International Olympique (CIO) dans la perspective d’une entrée au programme des Jeux Olympiques.

Plusieurs avancées ont déjà été faites dans ce domaine, que ce soit à l’international ou en France avec par exemple la création de la Fédération Française de Jeux Vidéo en Réseau (FFJVR) ou de l’association France Esports, ou encore la création d’un CDD pour joueur professionnel de jeu vidéo.

Mais si l’État français ne peut plus aujourd’hui ignorer la réalité économique et populaire de l’e-sport, cette discipline n’est toujours pas considérée comme un sport à part entière et n’est pas prête de l’être si l’on en croit la réponse donnée par Laura Flessel à la question au gouvernement du député Nouvelle Gauche de la Loire, Régis Juanico.

Posée en décembre 2017, la question porte sur les projets du gouvernement en matière de création d’une véritable fédération française de sport électronique. La réponse de la ministre des sports a été publiée au Journal Officiel ce mardi 19 juin et stipule qu’elle “n’a pas souhaité, à ce jour, s’engager dans une reconnaissance du e-sport comme activité sportive en tant que telle”.

Cette décision se repose surtout sur le manque d’activité physique que suppose la pratique de l’e-sport par rapport aux sports traditionnels, ce qui interroge sur “la compatibilité de cette activité avec les politiques publiques portées par le ministère des sports en matière de promotion de l’activité physique comme enjeu de socialisation et vecteur de lutte contre la sédentarité et certaines maladies chroniques“.

Cependant, comme dit plus haut, le développement économique de l’e-sport ne peut plus être ignoré, ce dont a bien conscience Laura Flessel qui assure que son ministère “travaille ainsi avec la direction générale des entreprises pour lancer à la rentrée des ateliers pour évaluer la réalité du marché français, réfléchir à des ajustements législatifs nécessaires, favoriser l’attractivité de la France pour l’accueil de compétitions dites de gaming et optimiser les externalités positives en matière d’inclusion sociale prenant en compte les messages liés au sport-santé”.

Bien entendu, cette réponse et la réaction enjouée du député Régis Juanico sur Twitter à la découverte de celle-ci n’ont pas manqué de faire réagir certains acteurs bien connus de l’e-sport.

A noter également qu’une certaine frange non négligeable des acteurs de l’e-sport ne souhaite toujours aucune reconnaissance de l’État sans qui la discipline s’est selon eux très bien portée et développée jusqu’à présent.

Enfin, certains relèvent que malgré l’absence d’activité physique mise en avant par le gouvernement, le potentiel économique de l’e-sport a lui bien été compris et sera bien exploité à l’avenir.

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